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Le pragmatisme, cette école philosophique qui débuta au cours du 19e siècle et qui au cours du 20e siècle s'est précisée notamment grâce à John Dewey et Richard Rorty, part du principe que la réalité est faite par l'homme ce qui veut dire que l'homme ne suit pas un ordre métaphysique supérieur, ne cherchant ni à l'imiter, ni à se l'approprier. Ceci se retrouve d'une manière exemplaire dans la façon que Christoph Meier (né en 1980 à Vienne, Autriche) dévoile l'économie de son atelier. La relativité des facultés de production met constamment l'accent sur la fonctionnalité des éléments entre eux. Ainsi le philosophe américain, William James, un des fondateurs du pragmatisme, affirme que les vérités se concrétisent dans leurs conséquences pratiques. Ceci est partiellement vrai pour le travail de Christoph Meier où l'association des fonctions des divers éléments réalise le sens de l'installation.

Pour progresser au mieux dans sa démarche, Christoph Meier s'est doté de conditions de production optimisées en rassemblent dans un énorme atelier collectif un nombre important d'objets créant des microcosmes qui l'inspirent. La combinaison d'objets issus d'une même catégorie ou même l'invention d'une nouvelle catégorie d'objets (ex. pieds ayant comme tête divers miroirs) créent un nouvel univers minimaliste. La simplicité de certains objets - sortis de leur contexte habituel (plan de travail, socle, chariot) - fait qu'ils peuvent à nouveau être chargés de signification. Ici nous constatons une véritable réalisation de réalités, l'imitation est inacceptable. Parallèlement ces objets gardent le rappel de leur fonctionnalité initiale et par la même d'une réalité antérieure. Ils montrent aussi des structures de fonctionnement desquelles ils sont enlevés - et dans lesquelles à présent ils manquent. À qui manque le cadre de sérigraphie? Comment a-t-il été remplacé ? La corrélation d'objets issus d'une même catégorie comme p.ex. les projecteurs ou la juxtaposition de deux tubes de néon différents, souligne les subtiles différences de la perception de la réalité chez l'être humain. Chaque objet normé constitue une réalité inventée.

Au-delà de tout propos philosophique, les installations de Christoph Meier se laissent aussi interrogées sous un point de vue de la théorie et de l'histoire de l'art. Ainsi les projecteurs créent un tableau minimaliste qui en plus dégagent une atmosphère cinétique un peu démodée. Tout en évoquant aussi le cinéma conceptuel. On se souvient ainsi du film de l'artiste polonais Wilhem Sasnal qui filmait à travers la fenêtre de l'un des derniers vols Paris-New York du Concorde. Ce film dans l'installation artistique de Sasnal est condamné à l'auto-destruction progressive par le fait que la poulie frotte en permanence un papier abrasif. À chaque fois que quelque chose est revisité, même de la manière la plus objective qu'il soit, nous constatons une usure et en définitive une destruction de la réalité initiale. Les projections de Meier sont aussi bien une démonstration d'une réalité manquante que la constitution d'une nouvelle réalité.

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