Exhibited Works

Informations

Bright Eke
Yacob Fall
Siriki Ky

Richard Laté Lawson-Body
Cynthia Phibel
Amy Sow
Barthélémy Toguo
Freddy Tsimba

 

Invité à présenter sa quatrième exposition monographique chez Nosbaum Reding, Barthélémy Toguo a décidé d'en faire un moment de partage en invitant sept artistes issus de la diaspora africaine à concevoir avec lui une présentation collective. Inspirée de la notion du « tout-monde », proposée par le philosophe martiniquais Édouard Glissant pour repenser la coprésence des êtres et des choses à l'aune de la mondialisation, Cartographie des possibles (litt. 'mapping the possibilities') fait se rencontrer des pratiques variées qui, partant de problématiques actuelles, sondent les tensions entre liberté individuelle et action collective.

Artiste originaire du Nigéria, Bright Eke construit une oeuvre qui, de manière détournée, thématise le fléau mondial de la pollution environnementale. Les fragments de cabas en plastique dans les deux grands collages montrés ici renvoient aux déchets de la société de consommation, dont les premières victimes sont les pays en voie de développement. Incorporés à des pattern qui ne sont pas sans rappeler la peinture moderniste (on pense notamment à Mondrian), ils interrogent la notion de progrès inhérente à la modernité.

La pollution, notamment celle des fonds marins, est également un sujet récurrent dans le travail de l'artiste plasticien et calligraphe togolais Richard Laté Lawson-Body. En témoigne À fleur d'eau, l'une des trois toiles présentées ici, qui nous invite à contempler l'eau, avec ses qualités équivoques (essence de la vie, mais aussi porteuse de mort), comme reflet de la condition humaine.

Dans ses portraits qui mêlent dessin numérique, aquarelle et acrylique, l'artiste et photographe guadeloupéenne Cynthia Phibel engage une réflexion sur les relations entre histoire individuelle et histoire collective dans le contexte social et politique des Antilles. Dans sa « série rouge », elle poursuit le projet d'une anthropologie du quotidien à la recherche de « la trace ou l'absence des corps dans le paysage urbain, mémoriel, métaphorique, intime ou collectif » (Phibel).

Dans Inter-connection, Yacob Fall s'intéresse lui aussi aux empreintes des corps, qu'il relie entre eux de manière symbolique pour conjurer une « civilisation de l'Universel », basée sur la préservation de la biosphère. Les techniques et matériaux employés - couvercles de cannettes, câbles d'ordinateur, tissage... - renvoient à l'enchevêtrement des rapports humains par-delà les frontières physiques ou idéologiques.

Dans le même esprit, les quatre toiles de l'artiste camerounais Barthélémy Toguo, réalisées selon la technique du lavis, montrent l'individu comme un organisme relié à son environnement (humain et naturel) par un faisceau de relations complexes, signifiées par des conduits semblables à des réseaux sanguins vus sous rayons x. « Come and Share Life », explique l'artiste, « est une série dans laquelle j'invite le public à venir partager un élément vital à l'humanité : l'eau, la nature. » Les peintures sont complétées par une série de gravures dans lesquelles l'artiste continue ses recherches picturales sous une forme plus concentrée.

Né en Côte d'Ivoire, l'artiste burkinabé Siriki Ky travaille la pierre, le bois ou le bronze dans des oeuvres qui mettent à mal le regard occidental sur la sculpture africaine. Oscillant entre tradition et modernité, ses Têtes précieuses invitent le spectateur à revoir ses idées préconçues sur les prétendues spécificités de l'esthétique africaine. Elles sont exposées en regard de cinq toiles dans lesquelles l'artiste revisite avec espièglerie les poncifs de la peinture occidentale (têtes de mort, chevaux...).

Autodidacte, la peintre maurétanienne Amy Sow se sert de son statut d'artiste indépendante pour attirer l'attention sur la condition sociale des femmes et des enfants en Afrique et ailleurs. Entre abstraction et figuration, l'oeuvre montrée ici, intitulée La face voilée, prend prétexte de la crise sanitaire mondiale pour interroger l'image du voile comme symbole de privation de liberté - individuelle ou, en l'occurrence, collective.

L'artiste congolais Freddy Tsimba, enfin, utilise des matériaux ou objets trouvés - cuillers, capsules, clés, mais aussi cartouches de balles ramassés sur les champs de bataille - à partir desquels il réalise des sculptures figuratives dénonçant la violence et l'injustice sociale qui caractérise les sociétés contemporaines. Bien qu'elles renvoient aux affres de l'existence humaine, ses oeuvres affirment toujours la force éternelle de la vie qui nous permet de transcender l'horreur.

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For his fourth personal exhibition at Nosbaum Reding, Barthélémy Toguo has decided to share the spotlight with seven artists from the African diaspora as part of a collectively conceived presentation. Inspired by the concept of 'All-Word' (tout-monde), developed by the Martinican philosopher Édouard Glissant to describe the co-presence of beings and objects in a globalised world, Cartographie des possibles brings together different artistic practices that chart the tensions between individual freedom and collective action in the pressing issues of our time.

The Nigerian-born artist Bright Eke develops a body of work in which he thematises the global problem of environmental pollution. The fragments of plastic shopping bags in his two large collages allude to the excesses of consumer society, which have a particularly devastating effect on developing countries. Incorporated into patterns evocative of modernist painting (Mondrian comes to mind), they question the ambiguous notion of progress that lies at the very heart of modernity.

Pollution is also a recurring subject in the work of Togolese visual artist and calligrapher Richard Laté Lawson-Body. À fleur d'eau, one of the three paintings shown here, invites viewers to contemplate the equivocal nature of water, a giver of life and death, as a reflection of the human condition.

In her portraits that combine digital drawing, watercolour and acrylic, the Guadeloupean artist and photographer Cynthia Phibel engages in a reflection on the relationship between individual and collective history in the social and political context of the West Indies. In her 'red series', she pursues the idea of an anthropology of everyday life in search of 'the trace or absence of bodies in the urban, memorial, metaphorical, intimate or collective landscape' (Phibel).

In Inter-connection, Yacob Fall pursues a similar interest in the traces of bodies, which he symbolically intertwines in his desire to conjure a 'civilisation of the Universal' based on the premise of environmental protection. The techniques and materials he employs - from can lids and computer cables to woven textiles - point to the inextricable entanglement of human relations beyond physical or ideological borders.

In the same spirit, the four wash drawings on canvas by the Cameroonian artist Barthélémy Toguo reveal the individual as an organism that is intricately connected to its human and natural environment through a web of complex relationships, here materialising as conduits reminiscent of blood veins seen under X-rays. 'Come and Share Life', explains the artist, 'is a series in which I invite the audience to share a vital element for humanity: water, nature.' The paintings are complemented by a series of engravings in which Toguo continues his pictorial research in a more concentrated form.

The Burkinabé artist Siriki Ky (who was born in Ivory Coast) uses stone, wood or bronze to create works that challenge the Western gaze on African sculpture. Oscillating between tradition and modernity, his Têtes précieuses (Precious Heads) encourage spectators to question their preconceptions about the presumed specificities of African aesthetics. They are echoed by five paintings in which the artist playfully revisits familiar tropes of Western painting (skulls, horses, etc.).

The self-taught Mauritanian painter Amy Sow uses her status as an independent artist to draw attention to the social condition of women and children in Africa and beyond. Oscillating between abstraction and figuration, the work shown here, entitled La face voilée, reflects on the global health crisis through the veil as a symbolic restriction of freedom, whether individual or, in this case, collective.

The Congolese artist Freddy Tsimba uses found materials or objects - spoons, bottle caps, keys, but also bullet cartridges collected from battlefields - from which he creates figurative sculptures denouncing the violence and social injustice that prevail in contemporary societies. Although they address the throes of human existence, his works always affirm the eternal force of life that helps us to transcend the horror.

Image:
Barthélémy Toguo, In the Head (détail), ensemble de 110 papiers, 2006,
technique mixte sur papier, 22,5 x 16,5 cm
Photo: © Barthélémy Toguo

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