Exhibited Works

Informations

Exposition personnelle de Hubert Wurth

Pièces récentes de conviction


Vernissage: Jeudi 19 juin 2025 à 18h
en présence de l'artiste



Dans l’atelier d’Hubert Wurth, les gestes précèdent les mots. Avant de penser l’œuvre, il touche, il déplace, il écoute les matières. Une feuille de carton froissé, un éclat de bois lavé par le temps, un filet de plastique usé, un fragment d’image arraché au flux du quotidien. Ces éléments familiers, souvent disqualifiés, deviennent ses compagnons de jeu et entrent en dialogue avec des surfaces peintes rapidement, librement. Le regard circule, la main hésite, découpe, prélève, assemble. Rien n’est prémédité, tout commence par le contact.

 

Depuis longtemps, Hubert Wurth travaille ainsi. Il ne dessine pas ses œuvres. Il les construit, les fait émerger, par couches, par gestes. Un peu comme l’enfant qui aligne ses blocs de bois colorés — non pour illustrer, mais pour comprendre, pour apprendre à maîtriser un fragment de monde.

 

Ce n’est pas un collage : c’est un montage brut, un tissage de matières. Il y a du rythme, des silences, des tensions. Ici, un lacet violet suspendu. Là, une déchirure nette dans un carton brun. Plus loin, un emballage vert anonyme ou un bout de plastique qui retient la lumière. Les lignes guident l’œil, créent des failles, des échappées. On devine des totems, des cartographies mentales, des partitions muettes.

 

Mais l’abstraction reste toujours dominante, comme une nécessité. Wurth ne cherche pas à raconter. Il ouvre des espaces vibrants et chaque fragment vient avec son histoire, ses blessures. Rien n’est neutralisé. Les déchirures restent visibles et les matières conservent leur mémoire.

 

Avec ces Pièces récentes de conviction, quelque chose a changé. Les compositions se sont allégées pour plus de respiration. Le geste est confiant. La surface éclate parfois, devient volume, relief. Proche de la sensibilité de Supports/Surfaces, il y a cette volonté de revenir au matériau, à sa charge poétique propre. L’œuvre quitte le mur pour appeler un regard tactile.

 

Ce travail est aussi un contre-temps. Dans un monde bruyant, violent, en perte de sens, Wurth pratique l’attention. Il regarde ce qui échappe, ce qui est rejeté. Il compose avec le lent. Il refuse l’image prête-à-consommer.

 

Le spectateur est invité à s’approcher, à lire entre les lignes, à suivre les indices laissés par l’artiste — mais sans clé définitive. Peut-être est-ce cela, aujourd’hui, une forme de résistance salutaire : retrouver le plaisir simple et profond du regard, du toucher, de l’attention portée aux choses. Habiter un monde de formes, de couleurs, de volumes, en dehors du vacarme. Offrir à l’esprit une respiration, un espace pour se réinventer.

 

Fanny Weinquin
Historienne de l'art et commissaire d'exposition indépendante




Visuel:
Hubert Wurth
Sans titre, 2022
Collage et peinture sur bois
140 x 100 cm
© Photo: Hubert Wurth

 

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